
Laboratoire Agit’Art
Le Laboratoire Agit’art est un lieu d’expérimentations artistiques installé à Dakar depuis 1974 et fondé par un groupe d’artistes engagés, d’écrivains et de philosophes dont Issa Samb dit Joe Ouakam, Elsy, Djibril Diop Mambéty, Mamadou Diop Traoré et tant d’autres. Profondément ancré dans le paysage urbain dakarois, aux prises avec les différents contextes politiques et sociétaux qu’il a traversé et quelquefois malmené à grands renforts de performances provocatrices et d’interventions publiques tonitruantes, Agit’art a survécu à toutes ces mutations en se régénérant en permanence. Cet écosystème artistique est certainement dû à sa capacité hors- norme à attirer des artistes, des activistes, des engagés, des créateurs de vie de tout ordre établis à Dakar ou traversant la ville, emportant avec eux une part généreuse de cet esprit dont « le projet est l’homme ».
Ecole Manguiers 2 : Djaraf Ibra Paye, Av. Cheikh Anta Diop en face CARITAS
Contact : Nampémanla Pascal
+221 77 316 23 32
Ican Ramageli
+221 77 376 53 94
[email protected]

L’absence
Ils sont tous absents
Perdus dans le néant
Pensant disent-ils.
Panser oui mais pas penser.
D’ailleurs penser à quoi ?
À la reprise des activités ? Comme avant ?
Ils n’ont rien compris.
Nous n’aurons pas besoin des absents qui se sont enfermés dans leurs ateliers
à pondre des projets à vendre quand les temps seront plus cléments.
Nous n’attendrons pas ceux qui guettent le voyage vers l’ailleurs
Fuyant l’action ici présente.
Nous allons retourner retrouver ce que nous avons semé.
Nous sommes-nous occupés des graines plantées la saison dernière ?
C’est l’hivernage et les paysans la suite dans les idées sont dans leurs champs.
Où sommes-nous ?
Avons-nous veillés sur la graine
Créatrice semée dans le cœur
De ses enfants de Médina ?
Laçons nos chaussures et marchons ensemble et
allons soigner la graine qui germe,
la faire pousser avec des paroles, de la danse et du rêve.
Laboratoire Agit’art, 2021

Contamination
Laboratoire Agit'Art
Hey Joe,
Sommes-nous arrivés à la fin de cette forme de civilisation sur terre ? Les marchands et les mendiants aussi ont quitté les rues de la capitale suivis par les chats, les cafards et les rats. Il n’y a plus personne, les usines, les bureaux, mosquées et églises sont fermés. Un monde s’arrête subitement, les rues de New-York, Tokyo, Séoul, Paris ou Londres se sont vidées des populations, dans la cité du Vatican le Pape prie seul et en silence face à cette colonne de marbre, à la Mecque, personne autour de la Kaaba, les portes de la mosquée du prophète Mohamed sont closes. Dorénavant nous nous tenons à bonne distance les uns des autres, nous ne nous faisons même plus la bise. Un paysan assis non loin d’un tas d’ordures garde les yeux rivés sur un ciel qui refuse obstinément de libérer une pluie salvatrice pendant que le décompte macabre se poursuit à la radio. A présent le parcours impose la réinvention d’une nouvelle civilisation moins violente qui mettra le respect de l’environnement au cœur de nos préoccupations pour contaminer la naissance d’un autre futur pour l’humanité.

« Transmission » : du Musée à l’Homme
Collectif Agit‘Art
Après « Initiation », la première phase de notre nouveau cheminement au Centre Culturel Blaise Senghor à Dakar, le Laboratoire Agit’Art quitte ce lieu d’exposition et de représentation muséale pour investir l’école Manguiers où ses membres sont attendus pour exercer leur mission : celle de donner, de recevoir, de guérir, de faire, à travers un acte fort de transmission. Cette démarche, désir des sages du bois sacré, permettra de réaffirmer notre postulat : « Les masques ne sont pas destinés aux musées ». Nous sortirons des musées et nous ferons le voyage vers l’autre pour retrouver enfin, l’endroit où nous sommes attendus. Retourner dans la société, « Ñu dellu fa ñu jógé » (Retourner d’où nous venons), dans l’enfance, à l’école Manguiers de la Médina de Dakar. L’école est le lieu où un enfant scolarisé passe les trois quarts de ses journées. Cet espace est à la fois son domaine d’apprentissage et de jeu. Cet endroit doit lui donner envie d’y venir chaque jour en lui offrant un certain confort, une protection, un épanouissement ainsi qu’une première expérience de socialisation et de construction d’un patrimoine commun. Dans cette deuxième étape de notre projet intitulé «Transmission », il s’agira pour les artistes du Laboratoire Agit’Art d’intervenir au sein de cette école avec les enfants et le personnel éducatif afin de réintroduire des activités à la fois éducatives, créatives et récréatives. Et ainsi, de remettre ce patrimoine commun en partage, au cœur de l’enfance et de ses apprentissages fondamentaux.

Lettre de loin, réponse de l’intérieur
Dans les années 1970, un journal hebdomadaire satirique créé par Mam Less Dia voit le jour et paraît à l’improviste pendant plusieurs années. Le journaliste, alors en exil, utilise ce format pour continuer à correspondre avec des artistes, des intellectuels et des journalistes du Sénégal. C’est aussi un outil subversif et contestataire qui lui permet d’échanger avec eux, de lutter et d’ébaucher des solutions pour l’avenir. Le Politicien devient alors le premier journal satirique du Sénégal, et trouve dans ce contexte où la liberté de la presse est malmenée, toute sa singularité grâce aux dialogues entre deux et ou plusieurs personnes éloignées, mais parvenant à entretenir une « correspondance clandestine ».
Ce dialogue est alors nommé « Lettre de loin, réponse de l‘intérieur ».
Aujourd’hui, ce journal met en perspective les nouveaux formats d’échanges et les moyens d’expression numériques qui sont aussi des armes de résistance massive contemporaines pour les artistes, les activistes et les penseurs de notre temps. Inspirés par cette pratique inscrite dans l’histoire du Laboratoire, nous enverrons à nos « correspondants » de « l’extérieur » une lettre à laquelle ils répondront à leur façon par une autre lettre, un son, un objet, une image ou une vidéo… Et nous leur répondrons à nouveau pour constituer un corpus de résistance des temps présents… Cette année le Laboratoire Agit’art intervient dans un endroit mythique de la culture à Dakar, un lieu qui autrefois était une halte incontournable pour la communauté artistique dakaroise : Kadjinol Station.

La chaine libyque : dakar ville anarchitecturale
Laboratoire Agit’Art
La population de Dakar sème beaucoup plus de béton que de graines. Quelle inexactitude dans une forme définie pour l’homme, par l’homme ! La recherche « d’alternatives pour l’écologie et l’architecture »... voici les découvertes qui ont engendré la réfutation d’un modèle architectural qui répondait à des normes idéales pour l’Homme. Dakar est une ville qui se nourrit d’espaces vides, d’arbres, de passages piétons, une ville qui lutte avec le vent. Dans cette « ANARCHItecture » où la fonction est juste un titre pour les passations, mais jamais pour remplir les tâches... qui contrôle quoi ? qui autorise quoi ? qui vérifie quoi ? des entrepreneurs immobiliers avec des conception, formes, aussi mal nourris nous font croire qu’ils peuvent atteindre la perfection de la chaine libyque ! Ne nous étonnons pas si nous perdons notre patrimoine bâti. L’architecture d’aujourd’hui est cancérigène. Nous vivons un millénaire où chaque nouvelle découverte ou alternative, se heurtera trop tardivement à ses imperfections dans les décennies ultérieures.

ZAT = ZONE D’AUTONOMIE TEMPORAIRE
Temporary Autonomous Zone TAZ
La Zone d’Autonomie Temporaire (ZAT) consiste à prendre une partie entière de la ville avec sa configuration et son fonctionnement habituel et de la libérer pour la création artistique. Il s’agira là de montrer comment la vie courante d’une rue peut être considérée comme une œuvre d’art, un souffle de vie et d’action commune. Faire en sorte que la rue elle-même et ses habitants deviennent une œuvre et des créateurs, créateurs de leur quotidien commun et de sa beauté. Redynamiser le mot art, pour le rendre à la vie et ne pas seulement déstabiliser la rue pour l’offrir à l’art dans sa version habituelle. La ZAT a pour objectif de créer une dynamique nouvelle à travers une occupation des magasins, halls d’hôtels et autres commerces présents dans la rue Jules Ferry. Des expositions d’art, performances, projections vidéo seront prévus dans tous ces lieux. Chaque habitant, travailleur et habitué de cet environnement deviendra créateur et contributeur au projet. Pour ce faire le laboratoire Agit’art a regroupé des artistes photographes, peintres, vidéastes, designers et performers du Sénégal, de l’Allemagne et de la France et des habitants de la rue Jules Ferry pour mener à bien ce projet. Une performance le jour du vernissage le 8 décembre à 17h sur tout le long de la rue Jules ferry jusqu’à l’institut français.
* Les ZAT souhaiterait que la rue Jules Ferry soit rebaptisée « Rue Joe Ouakam »
* Les affiches Partcours dans une boutique, hôtel, espace, indiquent la présence d’une exposition.

Regards sur la ville
Exposition collective, photographie
Regards sur la ville est conçu comme un projet collectif d’auteurs photographes ; il s’agit de confronter la diversité des points de vue de plusieurs artistes. L’objectif de cette mission Regards sur la Ville 2015 reste, comme à son origine, de réunir différentes propositions visuelles sur notre espace urbain, les hommes qui l’habitent mais aussi leurs différents styles de vie. Un évènement ouvert, avec plus de 15 artistes.
Ican Ramageli, commissaire d’exposition.

Mémoires et Archives
Issa Samb alias Joe Ouakam
Issa Samb est un sculpteur, peintre, acteur, philosophe, artiste, écrivain et critique. Pendant des décennies, il a créé un planétarium composé de multiples univers interconnectés dans lesquels les signes de la vie quotidienne sont transformés en autels de ses obsessions. Dans le cadre de ses lectures de la philosophie marxiste et de l’esthétique radicale, beaucoup de ses assemblages sculpturaux prennent des formes de paragons de révolutionnaires; tel que Che Guevara, Amilcar Cabral, Sékou Touré, Lech Walesa et les Black Panthers. Ceci suggère la possibilité d’exploiter l’énergie des arts visuels au nom d’une lutte pour les faibles et les défavorisés.
Le Happening Mémoires & Archives est une invitation à la (re)découverte de ce monde aussi magique que concret qu’est l’univers de Issa Samb; une série de films, d’enregistrements audio, d’installation et de performances imprévisibles.